‘’We are digital addicts and we think like it’’. Telle est la devise d’Esokia, société de production digitale. Nous sommes allés pour vous à la rencontre de Michel Demari, fondateur de cette société afin de mieux comprendre leur cœur de métier.

 

1) Bonjour Michel, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je suis Michel Demari, fondateur de la société Esokia à Maurice. D’origine française, j’ai toujours travaillé dans le digital en tant que chef de projets, consultant ou encore dans le web marketing pour le groupe Orange par exemple.

 

2) Qu’est-ce qui vous a porté vers Maurice ? Comment en êtes-vous arrivé là ?

Je suis arrivé à Maurice en 2007 comme expatrié pour lancer l’activité internet d’un groupe de presse magazine. Au bout de deux ans, début 2009, j’ai fait le choix de créer ma propre société dans le domaine IT : Esokia Webagency.

 

3) Esokia, c’est quoi ?

Esokia est à l’origine une société de production digitale. Nous prétendons désormais au titre de groupe digital international. Nous produisons notamment des sites internet, des applications mobiles et nous créons aussi tous les supports nécessaires pour accompagner les entreprises dans leur transformation digitale : sites e-commerce, sites corporate, réseaux sociaux, etc. De plus, nous accompagnons les entreprises dans leur stratégie et leurs actions web marketing sur les aspects : SEO, community management, création de contenu, etc.

Aujourd’hui, notre antenne mauricienne compte 70 salariés. Nous avons déployé nos services à travers le monde en ouvrant en mars 2016 une filiale à Belgrade en Serbie, qui compte aujourd’hui une quinzaine de salariés. En janvier, nous avons également racheté notre partenaire Externalis IT à Madagascar où nous disposons désormais d’une quinzaine de salariés. Nous montons aussi actuellement un bureau commercial à Paris, et nous sommes également en partenariat avec une structure au Costa Rica.

A ce jour, nous nous positionnons donc dans 6 pays différents avec environ 200 collaborateurs en production digitale.

4) Qui sont vos principaux clients ?

Nous avons 3 types de clientèles.

Notre principale clientèle correspond aux agences digitales ou de communication qui englobent les sociétés informatiques, les agences 100% digitales ou encore les groupes de communication. Les start-ups sont ensuite notre deuxième clientèle. Nous les accompagnons dans le développement de leurs projets. Et enfin, notre troisième clientèle est composée d’annonceurs. Nous travaillons par exemple avec Orange, groupe pour lequel nous avons développé le portail Starafrica.com qui regroupe trois sous-sites à destination du continent africain. Mais nous accompagnons également des clients au niveau local, comme actuellement une grande institution bancaire d’Etat à Maurice.

Toutefois, nos clients sont majoritairement européens voire français, et représentent 90% de notre chiffre d’affaires. Nous poursuivons aujourd’hui notre internationalisation avec nos filiales comme en Serbie ou nous opérons avec un fournisseur d’internet, SBB.

 

5) Avez-vous des compétiteurs au niveau local ?

A Maurice nous sommes la plus grande société indépendante dans le domaine digital. Toutefois, il existe de nombreuses petites sociétés dans ce secteur qui représentent des concurrents mais qui n’ont cependant pas notre capacité et notre qualité.

La concurrence vient plutôt au niveau des ressources humaines. Les développeurs qualifiés ont tendance à travailler pour les filiales d’autres groupes.

La particularité d’être indépendant, c’est que nous avons une panoplie de clients différents qui nous permettent de découvrir des façons de travailler différentes. Cela demande beaucoup d’adaptation. C’est challenging et intéressant pour les équipes. Nous ne sommes donc pas dans un seul process, un seul client.

 

6) Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer à l’île Maurice ?

A l’époque, mon patron m’avait vendu Maurice surtout par rapport aux avantages qu’offre l’île : peu de décalage horaire, une maîtrise du français comme de l’anglais mais aussi une stabilité politique et des charges fiscales et sociales attrayantes.

Pourquoi avoir créé Esokia à ce moment-là ? Parce qu’en 2009 la grande crise débutait et je pensais alors que la production digitale allait se délocaliser. Maurice me paraissait disposer des compétences et ressources pour lancer une telle activité.

 

7) Quels sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

La principale difficulté rencontrée est le manque de main d’œuvre dans le domaine du digital et du numérique. Les ressources humaines qualifiées ont tendances à se tourner vers l’étranger, or nos clients exigent du personnel avec un niveau d’études équivalent à des écoles d’ingénieurs en France ou en Europe.

Afin de répondre à des contrats intéressants, nous avons besoin de monter des équipes rapidement. Or à Maurice seulement, le processus devient compliqué.

C’est pourquoi nous créons d’autres structures de production comme à Belgrade, à Madagascar et que nous envisageons également la Tunisie et le Vietnam.

Maurice est petit et le bassin d’emploi faible. Il y a une réelle compétition sur les bons développeurs qui pose parfois problème.

 

8) Vous avez pas mal de compétiteur à Madagascar. Qu’est-ce qui fait de Maurice un meilleur choix selon vous ?

Il n’y a pas un avantage à Madagascar plus important. Nous venons d’ouvrir notre centre sur la Grande Ile mais nous la considérons plus comme un complément.

Madagascar est en train de se développer fortement. Beaucoup d’entreprises s’y installent car l’île dispose d’une bonne connexion internet et de bonnes écoles d’informatique avec le cursus français. Nous avons trouvé dans ce pays de bons développeurs qui nous permettent d’offrir des tarifs inférieurs à ceux de l’Ile Maurice.

Le principal inconvénient à Madagascar pour un entrepreneur est surtout son administration complexe. Pour notre domaine aussi, le manque de personnes maîtrisant l’anglais peut également être problématique.

De notre point de vue, Madagascar est donc un complément, un réservoir de nos activités à Maurice, sachant que Maurice a la capacité de gérer les projets anglophones comme francophones, et ce avec un faible décalage horaire. Madagascar nous offre donc principalement des ressources de production supplémentaires.

 

9) Que diriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans cette filière ?

Pour les jeunes, il est extrêmement important de comprendre que de nos jours le monde change de plus en plus vite. Ce sont eux les premiers utilisateurs du mobile, des réseaux sociaux et de tout ce qu’offre le digital.

Désormais, il y a une demande importante dans tous les métiers qui touchent le digital parce que toute notre économie est en train de se transformer fondamentalement. Certains emplois vont disparaître au profit d’autres. Tous ceux qui travaillent dans les métiers proches du digital n’auront à court terme pas de problème à trouver un emploi.

A Maurice, le souci est l’orientation des jeunes qui sont plus propices à écouter leurs parents et se lancer dans des métiers tels qu’avocats, comptables ou médecins. Mais la demande n’est pas là. Demain, une partie de ces métiers sera probablement remplacée par des machines et on leur demandera de maîtriser l’informatique.

De plus, le domaine de l’informatique a l’avantage de ne pas être restreint. Il permet d’exercer dans tous les secteurs d’activités possibles. C’est important que les jeunes s’orientent vers ces filières en demande et dans lesquelles on peut faire de belles carrières.

 

10) Pour finir, qu’est-ce que vous souhaiteriez ajouter ?

Pour les professionnels du secteur et les jeunes qui souhaiteraient trouver leur voie, n’hésitez pas à vous lancer dans l’informatique. Il s’agit d’un secteur plein d’avenir, très enrichissant et très excitant qui ne cesse de bouger et de se développer.

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  1. […] côté, l’île Maurice doit accueillir ces changements à bras ouverts. Comme l’a mentionné Michel Demari dans notre  dernier article, Maurice manque de ressources humaines dans le […]

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