Portrait d'un expert en paie française.

Connaissez-vous le métier de la paie ?

Je ne vous parle pas de comptabilité mais bien de la fonction qui consiste à calculer des bulletins de paie et à déclarer les cotisations sociales.

Nous avons découvert pour vous ce métier qui a longtemps été dans l’ombre de la comptabilité. Nous sommes allés à la rencontre d’un expert du métier pour vous en apprendre plus.

1) Qui êtes-vous et que faites-vous dans la vie ?

Je suis Daniel Clémentine, un mauricien ayant vécu 20 ans en France. De formation comptable, j’interviens depuis plus de 18 ans dans l’univers de la paie.

2) En quoi consiste votre métier ?

Contrairement à ce que l’on pense, mon métier ne se résume pas à saisir des variables de paie dans un logiciel, à calculer des bulletins et à faire des déclarations sociales.

Bien loin de l’image que ce métier a longtemps véhiculé, aujourd’hui j’accompagne les entreprises pour :

  • Définir leur contexte règlementaire et s’y conformer
  • Traduire sur le bulletin de paie, et le plus fidèlement possible, les interactions qu’ils ont avec leurs salariés dans le cadre de la relation de travail employeur-salarié
  • Maîtriser les risques encourus dans la relation employeur-salarié et optimiser le coût de la fonction paie.

Bien entendu, souvent, au bout de cet accompagnement il y a la production des bulletins de paie, des déclarations sociales (exemple la DSN), des attestations de salaire…etc.

Mais la valeur qui est produite est bien en amont et au-delà de ces éléments visibles.

Mes clients sont plus particulièrement les PME, les cabinets comptables, les sociétés d’externalisation de la fonction paie et les cabinets d’avocats spécialisés en droit social.

J’interviens en direct pour le compte du client final (TPE-PME) ou en back-office pour les cabinets d’expertise comptable et les sous-traitants en paie.

Et pour les cabinets d’avocat, je leur apporte un accompagnement lorsqu’il s’agit de chiffrer les demandes de leurs clients ou de vérifier le bien-fondé des réclamations de la partie adverse.

Par ailleurs, via un organisme de formation, je délivre également des formations présentielles à l’île de la Réunion sur divers sujets liés à la paie, à la fois en mode inter et intra-entreprises.

Enfin, je propose avec un partenaire en France des missions à forte valeur ajoutée destinée à optimiser le coût de la fonction paie pour les entreprises ; c’est ce qu’on appelle habituellement de l’optimisation des charges sociales.

3) Comment en êtes-vous arrivé là ? Racontez-nous votre parcours professionnel.

J’ai commencé à travailler en 1998 à Paris La Défense au sein d’un cabinet très prestigieux intervenant dans le domaine de l’audit, de l’expertise et du conseil : Arthur Andersen.

Après 2 ans en université et une première année en DSG, j’ai souhaité démarrer ma vie professionnelle avec la volonté de poursuivre mes études en parallèle.

Le poste proposé était celui de Gestionnaire paie. Je devais gérer environ une vingtaine de dossiers clients et produire 300 bulletins de paie par mois.

Je ne connaissais presque rien sur le sujet de la paie. Cependant, j’ai bénéficié d’une formation de grande qualité et en continue par l’équipe dirigeante. J’en garde d’ailleurs toujours un très bon souvenir !

Par la suite, j’ai eu l’occasion pendant une année de travailler en parallèle au sein du département dédié aux services d’expertise comptable. Ce fut très enrichissant. J’ai pu alors mettre en application ce que j’avais appris en DSG. Mais l’appel de la « Paie » était plus fort et au bout d’une année fiscale, j’ai pris la décision de me consacrer exclusivement à ce métier.

Mon goût pour cette activité se traduisait par un investissement important, ce qui m’a permis de gravir rapidement les échelons et de participer activement au développement d’un nouveau service dont nous étions les pionniers à l’époque : l’audit de la paie.

Après 8 ans chez Arthur Andersen et EY, j’ai pris la direction du pôle Paie du Groupe Mazars à la Paris La Défense. Et fin 2008, j’ai fait le pari de me lancer en tant qu’entrepreneur en rejoignant une structure à taille humaine spécialisée dans le Management de Transition. J’avais pour objectif de démarrer la ligne de services dédiés à la Paie et RH (Ressources Humaines).

Et en 2010, après quelques jours de vacances à Maurice, je décide (enfin) de venir m’y installer.

Après une première expérience au sein d’une structure locale, je crée courant 2012 à Maurice la filiale d’un cabinet comptable parisien, avec pour objectif de constituer son « back-office » pour les services paie et de comptabilité qu’il rend habituellement à ses clients en France et dans les DOM-TOM.

C’est un vrai succès (financier et opérationnel) et fin 2014, je décide de voler de mes propres ailes en fondant OptimyZ HR.

4) Pourquoi avoir opté pour ce domaine particulier ?

A l’origine, je n’ai pas vraiment choisi ce métier. Je voulais être expert-comptable. Mais au final, je me suis pris au jeu et j’y ai pris goût.

C’est un domaine qui requiert de l’expertise. Contrairement à d’autres métiers qui évoluent peu, la paie traite d’un sujet complexe, très mouvant, très sensible et qui n’est pas prêt de se faire ubériser.

C’est un métier où l’on ne s’ennuie pas :

  • Chaque client est différent et a des besoins particuliers auxquels il convient de s’adapter,
  • C’est l’une des fonctions principales et les plus critiques au sein de l’entreprise, quoi qu’on en dise,
  • L’inflation législative permanente, la complexification grandissante des dispositifs, le rôle prépondérant du bulletin de paie dans la relation tripartite Employeur-Salarié-Etat (avec par exemple le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu en 2018) participent à l’attrait de ce métier.

5) Vous opérez surtout pour le marché francophone. Pour eux quels sont les avantages de l’externalisation ?

Nous servons principalement le marché français, ce qui comprend la France métropolitaine, les DOM-TOM et les collectivités territoriales françaises.

Les avantages de l’externalisation sont multiples et généralement bien connus du marché. Par contre, externaliser la gestion de la fonction paie à l’île Maurice présente des avantages supplémentaires. Nous pouvons citer à titre d’exemple :

  • La Qualité à portée de main. Bien trop souvent, la qualité est réservée aux seules entreprises qui ont les moyens financiers pour se procurer des services de qualité. Avec la destination Maurice, nous démocratisons l’accès à la Qualité,
  • De réelles économies financières. Les prix pratiqués à partir de l’île Maurice permettent aux entreprises de réaliser une économie se situant entre 30% et 50% du coût qu’elles supportent actuellement en interne ou par le biais de leurs prestataires,
  • La personnalisation des services rendus enfin possible. Bien entendu cela a un coût mais l’entreprise peut se le permettre compte tenu du niveau d’économie réalisé sur la prestation standard.

8) L’île Maurice c’est du low-cost ?

Absolument pas.

La paie française et le « low-cost » sont antinomiques à mon sens.

La qualité a un prix car cela fait appel à des compétences, des outils, des process et des engagements.

Le low-cost c’est accepter un service de moindre qualité car on recherche un coût moindre.

Notre positionnement à l’île Maurice n’est pas de faire du low-cost bien que nous proposons de la qualité à des tarifs très compétitifs.

Par ailleurs, le sujet de la paie ne s’y prête guère au concept du low-cost :

  • C’est l’une des paies les plus compliquées au monde,
  • Les risques financiers associés à cette fonction sont majeurs. Il suffit pour cela de regarder les chiffres des redressements opérés par l’Urssaf ces dernières années,
  • Le Choc de la Simplification de la paie annoncée par les gouvernements successifs n’a pu franchir les remparts du Code du Travail en France. Et la tendance actuelle est plutôt de faire du bulletin de paie la pierre angulaire du dispositif social et fiscal en France.

Donc pour répondre à votre question, la paie française ne connaît pas le « low-cost » et j’invite les entreprises à se méfier de ces offres peu chères.

9) En dehors de votre métier qu’aimez-vous faire ?

Je n’ai malheureusement pas beaucoup de temps.

Ce que j’aime par-dessus tout c’est passer du temps avec ma famille, mon fils et mon épouse.

Et de temps en temps, lorsque cela est possible, faire un peu de sport et voir les copains.

Ah oui, j’aime aussi apprendre de nouvelles choses. Et depuis quelques temps, je m’intéresse beaucoup au digital : la digitalisation des processus, des activités traditionnelles et plus largement le phénomène dite d’ubérisation.

C’est un sujet qui a déjà modifié certains aspects de notre vie, tant sur le plan personnel que professionnel.

C’est quelque chose qui va s’intensifier dans les années à venir et j’y vois pour ma part une source importante d’opportunités pour mieux servir nos clients à distance à partir de l’île Maurice.

10) Quels conseils auriez-vous pour un jeune qui voudrait suivre vos traces ?

Je ne pense pas être un exemple à suivre. Par contre, si je devais donner quelques conseils, je dirais que l’île Maurice est en soi une opportunité formidable, à la fois pour l’entreprise qui souhaite lancer un service externalisé (ex. paie) et également pour la structure en recherche de services paie de qualité à un prix très compétitif.

Le terrain est donc propice.

Il convient donc maintenant d’aimer ce que l’on fait, de s’investir pour devenir expert (car le sujet de la paie l’exige), de s’ouvrir aux autres pour prendre du recul (écouter, se remettre en question) et surtout d’être honnête et respectueux de ces engagements.